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Une année au Philippines
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Une année au Philippines
20 septembre 2009

"Vous voulez les misérables secourus, moi je veux la misère supprimée" Victor Hugo

IMG_2925   Je suis allée à mon organisation à l'université cette après-midi pour la dernière fois du semestre. Comme j'ai du déjà le dire, Musmos est une association pour les enfants, on fait venir une centaine d'enfants de quartiers très pauvres à l'université (avant on avait un autre lieu mais ca a fermé) et on passe l'après-midi (tous les samedis) à faire des activités (divertissement mais aussi pédagogie avec des cours etc.) et en fin d'après-midi ils recoivent tous un repas. Ces après-midi sont financées par des donateurs (par exemple les gens peuvent choisir de financer une après-midi dans son intégralité).

                                                         IMG_2930

          J'ai été très émue de voir qu'après plus d'1 mois d'absence certains enfants m'ont reconnu « Ate Jo!!! » (c'est moi :-D) et me demandaient encore de faire du moon walk (parce que j'avais fait ca pour la pièce de théatre le premier jour et ca les a marqué!). L'activité de l'après-midi était un cours de maths. Il pleuvait donc on était dans des salles et c'était très bruyant et très fatiguant. Les enfants vivent dans des bidonvilles où ils ont TRES peu de place (leur maison c'est une pièce pour toute la famille sans eau ni électricité) donc dès qu'ils ont un peu d'espace c'est la folie. Moi je me suis sentie (comme d'hab) tout à fait inutile, je ne peux pas beaucoup communiquer avec les enfants car ils ne parlent quasiment pas anglais (et mon tagalog est.... comment dire... restreint!). Le cours de maths ca se passait dans plusieurs salles d'une trentaine d'enfants et on a fait un cours pour chaque salle en général. J'ai trouvé ca un peu bête et dommage car on est beaucoup de bénévoles, au lieu qu'un seul explique pour toute la classe ce serait mieux que chacun prenne un petit groupe pour personnaliser l'explication. Car là, ceux qui savent hurlaient pour donner les réponses et ceux qui ne savent pas restaient au fond et ne disaient rien. J'ai soulevé le problème m'enfin... on m'a dit qu'ils changeraient peut-être pour une prochaine fois.

IMG_2088J'ai repéré Djonaline, la petite de 12 ans dont j'avais du vous parler dans un précédent post, lors du test qu'on leur avait fait passer il y a un mois j'avais remarqué qu'elle ne savait pas lire, ni compter. Là elle restait dans son coin sans rien dire. A la fin du cours ils leur ont donné un test à faire et elle, évidemment, elle ne pouvait pas le faire. Je suis allée l’aider tant bien que mal dans un tagalog approximatif. Elle a des lacunes énormes, 5 + 0 = 50, soustraction = addition, et quand les chiffres dépassent le nombre de doigts qu’elle a sur les mains c’est la fin. Je savais vraiment pas comment m’y prendre tant il y avait tout à refaire. D’autant plus qu’elle ne sait pas lire donc elle ne peut pas comprendre les consignes. A la fin, elle était toute contente d’aller rendre autre chose qu’une copie blanche et elle m’a regardé timidement en disant « thank you », mais j’avais strictement rien fait. Les autres se moquent beaucoup d’elle et ca l’enferme dans son mutisme. Pendant que les autres jouaient après, elle a trouvé une craie et se posait des additions et obstinément, essayait de les résoudre. Ca m’a donné les larmes aux yeux. Je suis sortie de mon asso avec une grosse boule au fond du ventre et plein de questions. J’ai informé les autres de mon asso de sa situation mais ils m’ont dit qu’ils savaient et qu’on ne pouvait rien faire à un niveau pareil de lacunes. A 12 ans, elle a déjà un avenir compromis et plus personne ne l’aide.

     Avant-hier en attendant les autres francais pour sortir dans les quartiers branchés de Manille, deux petites d’environ 6 ans, qu’on connait tous car elles sont dans la rue 24h sur 24 sont venues me demander que je vienne avec elle leur acheter un truc à manger au magasin. Je l’ai fait pour cette fois mais ça c’est aider à survivre, non pas à vivre. Aider à survivre c’est parce que la conscience le demande, c’est donner quelques sous et penser qu’on a fait quelque chose. Mais en fait on n’a rien fait. J’aime à penser que la seule bonne chose c’est essayer de faire en sorte que tout le monde puisse vivre sans survivre. Voilà pourquoi je crois fermement à l’éducation et que je m’étais inscriste dans cette asso. Et la petite Djonaline c’était vraiment une baffe que je me suis prise en pleine figure. Il y a des inégalités tellement fortes et des situations tellement dramatiques que plus personne n’ose s’investir, c’est perdu d’avance. Sur le chemin du retour, alors que je réfléchissais à tout ça, j’en suis revenue (encore !!! au risque d’être insistante ou lourde :-D) à la microfinance. CHAQUE fois (et Dieu sait que ca arrive !) qu’un parent me dit que le microcrédit lui a permis de financer les études de ses enfants, c’est une victoire qui n’a pas de prix, c’est un avenir pour cet enfant. Prêter des sous pour la microfinance ce n’est pas donner quelques sous comme ca pour avoir l’impression de faire une bonne action, c’est aider à un travail de longue haleine, à un combat continuel pour que ces enfants puissent avoir un avenir. Je songe de plus en plus à me lancer dans la microfinance plus tard, tout me mène à penser que c’est, du moins pour le moment, la meilleure solution, la plus solidaire et la plus humaine.

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